Corinne et Andreas Henz tiennent au bien-être de leurs animaux. «Si déjà nous élevons des animaux pour les manger, ils doivent se sentir bien chez nous, du premier au dernier jour», dit l’éleveuse. Ils dirigent ensemble le Haselhof, au-dessus de Bärschwil, dans le canton de Soleure. Andreas Henz est déjà la troisième génération.
Comme le bien-être animal est essentiel pour eux, ils ont décidé de ne plus soumettre les veaux et bœufs au stress du transport à l’abattoir. Aujourd’hui, ils abattent les veaux et bœufs à la ferme, une pratique autorisée en Suisse depuis 2020. «Lorsque nous descendions un animal dans la vallée pour le conduire à l’abattoir, il y arrivait toujours ‹trempé›, tellement il était stressé», raconte Andreas Henz. L’idée de l’abattage à la ferme est venue de Corinne Henz. «Je n’ai jamais compris pourquoi nous faisions vivre un tel stress à nos animaux», dit-elle.


Son mari était cependant sceptique. Il s’attendait à des coûts supplémentaires difficiles à supporter pour leur exploitation. Corinne Henz a alors demandé son avis à leur clientèle. Le Haselhof propose exclusivement sa viande sous forme de paquets mélangés en vente directe. À une exception près, l’ensemble de la clientèle s’est montrée prête à payer cinq francs de plus par kilo et à éviter ainsi le stress du transport aux animaux.
Le boucher et le vétérinaire sont sur place
Depuis près de trois ans, les abattages ont lieu à la ferme, environ une fois par mois. Le veau ou le bœuf se trouve ainsi dans son environnement habituel, mais éloigné du troupeau. Le boucher qui manie l’outil d’étourdissement et un représentant de l’office vétérinaire, dont la présence est obligatoire, viennent sur place. Après l’abattage, l’animal doit être transporté immédiatement à l’abattoir, où la viande est transformée, entreposée dans les règles de l’art et répartie ensuite en paquets mélangés. Toute la viande est ensuite vendue directement à la ferme.
L’engraissement des veaux et des bovins ne représente qu’une partie des revenus du Haselhof. On y produit principalement du lait. Sur les quelque 80 têtes de bétail, toutes issues de son propre élevage, 34 sont des vaches laitières de race Brune.

Sans veau, pas de lait
En Suisse, les filières lait et viande sont étroitement liées. Pour qu’une vache produise du lait sans interruption, elle doit donner naissance à un veau par année. Lors de l’insémination, le couple d’agriculteurs Henz n’exerce aucune influence sur le futur sexe de l’animal. «Certaines années, plus de femelles naissent, d’autres années, plus de mâles», explique Corinne Henz. Les jeunes taureaux sont ensuite engraissés au Haselhof.
De plus, l’éleveur Andreas Henz insémine des vaches laitières moins productives ou dont la lignée n’est pas optimale avec de la semence de race Limousine, idéale pour la production de viande. «Nous n’avons besoin que d’un nombre restreint de veaux femelles pour l’élevage laitier», dit-il.

La race Brune est bien adaptée à l’environnement du Haselhof. Située à 600 mètres d’altitude, mais dans le Schwarzbubenland très vallonné, l’exploitation est considérée comme étant en région de montagne.
Avec une surface de plus de 70 hectares, le Haselhof fait partie des plus grandes fermes de Suisse. «Nous produisons heureusement presque l’entier des aliments pour le bétail», explique Andreas Henz. La plus grande partie de ses terres ne permet pas l’agriculture, car les pentes sont trop abruptes.
Sur l’ensemble de la Suisse, environ deux tiers de la surface agricole sont constitués de prairies et de pâturages qui, en raison des conditions naturelles, conviennent uniquement à l’élevage et à la production de fourrage. Les terrains escarpés et montagneux ne conviennent pas à l’arboriculture ou à l’agriculture intensive; en revanche, la végétation composée d’herbe et d’autres plantes est idéale pour le pâturage.